Récemment, un nouvel article de Sven Ove Hansson « Anthroposophical climate science denial » a été publié, annonçant que « le déni de la science climatique a une place fixe dans l'anthroposophie » et que « l'organe officiel de la Société anthroposophique, le Goetheanum, a longtemps propagé le déni du changement climatique (...) ». Ces déclarations s'appuient sur les points de vue et les travaux individuels d'une série d'auteurs. Ceux-ci ne représentent cependant pas complètement la diversité des acteurs et des actions biodynamiques et anthroposophiques face au changement climatique et aux adaptations qu'il implique.
En tant que Section d'Agriculture, nous avons une position claire sur le changement climatique, qui ne nie pas son existence, ses effets et ses conséquences sur la vie paysanne et au-delà. Depuis 2021, notre thème de travail principal est l'interaction entre résilience climatique et santé. Cette focalisation découle des besoins des agriculteurs et agricultrices du monde entier en matière d’implication dans la nature et avec les forces naturelles. Chaque jour, ces personnes donnent le meilleur d'elles-mêmes pour faire face aux conditions météorologiques et climatiques locales. Elles rapportent que les effets d'une chaleur extrême ou de fortes précipitations ont des conséquences désastreuses lorsqu'elles travaillent dans leurs champs.
Il est prouvé scientifiquement et dans la pratique que la biodynamie présente plusieurs avantages pour faire face au changement climatique. L'aménagement d'un paysage diversifié avec des haies (fixation du carbone) et une grande variété de plantes et d'animaux, le travail avec la nature plutôt que contre elle, la formation permanente de sols sains et fertiles et l'utilisation des préparations biodynamiques ainsi que des plantes médicinales biodynamiques - sont autant de facteurs cités par les agriculteurs biodynamiques pour s'adapter au changement climatique.
Parallèlement, des essais scientifiques tels que l'essai DOK de l'Institut de recherche de l'agriculture biologique (FiBL) ont montré que l'agriculture biodynamique contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à augmenter l'efficacité énergétique, deux facteurs qui atténuent le changement climatique. En outre, il a été démontré que les méthodes de l'agriculture biodynamique favorisent la résistance des plantes aux agents pathogènes.
Sven Ove Hansson affirme qu'il existe « des conflits entre la science mainstream et la vision spirituelle du monde de l'anthroposophie ». En tant que Section d'Agriculture, nous nous engageons cependant pour l'intégration et l'inclusion des différentes perspectives scientifiques.
Nous avons une longue histoire de coopération dans le domaine de la recherche et la protection du climat. Par exemple, lors du Congrès de la Section d'Agriculture en 2007 sur le rôle du carbone dans le changement climatique, des auteurs scientifiques comme Hartmut Grassl du célèbre institut Max Plank ont présenté leurs recherches. Hans Rudolf Herren, coauteur du Rapport mondial sur l'agriculture et lauréat du Prix mondial de l'alimentation, a lui aussi participé au débat sur le climat lors de notre Congrès annuel « Alliances pour notre Terre » en 2013. Lors de notre deuxième Congrès de recherche biodynamique (2021) sur le thème « Growing beyond resilience », plus de 90 auteurs du monde entier ont présenté leurs recherches dans ce domaine.
Lors du récent Congrès sur le climat en 2021, des orateurs de renommée internationale, tels que Charles Eisenstein, connu pour l'accent qu'il met sur la protection du climat, ont été impliqués dans le travail de la Section de l'Agriculture. Organisé en collaboration avec la Section de la jeunesse, ce Congrès intitulée « Respirer avec la crise climatique » a réuni plus de 1 200 personnes de 63 pays.
Les personnes qui ont participé aux conférences susmentionnées ont contribué à la recherche biodynamique et ont investi du temps dans le développement de leurs domaines pour s'adapter au changement climatique. Elles font toutes partie du mouvement biodynamique et anthroposophique. Elles sont toutes et tous concernés par les effets du changement climatique sur leurs fermes, leurs jardins et leur environnement. Pour développer des moyens de résilience et de sortie de crise, ils travaillent en partenariat et élaborent des stratégies. Nous soutenons donc que le mouvement anthroposophique et biodynamique est bien plus vaste que ne le prétend Sven Ove Hansson.
En tant que Section, nous faisons tout notre possible pour continuer à chercher, intégrer et promouvoir différentes solutions aux défis mondiaux du changement climatique. Que ce soit dans le cadre du groupe de travail du Goetheanum pour trouver des moyens innovants de réduire notre propre empreinte écologique ou dans le cadre de projets pratiques comme notre feuille de route pour un climat sain.
Auteur: Sven Ove Hansson
Titre: Anthroposophical climate science denial
Journal: Critical Research on Religion
Lien vers l'article: https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/20503032221075382 (en anglais)