"Koberwitz – c'était une belle époque ! Qu'est-ce que nous avons vécu là-bas !" C'est par ces mots que Paula Eckardt, domestique de la maison Keyserlingk, commence à évoquer ses souvenirs du Cours aux agriculteurs qui s'est tenu en juin 1924 et qui marque la naissance de l'impulsion biodynamique. On pourrait en dire autant du congrès agricole de cette année, organisé à l'occasion du centenaire du Cours aux agriculteurs, qui a réuni du 7 au 10 février 2024 au Goetheanum de Dornach, en Suisse, un millier de participants venus de tous les continents, soit 51 pays. Étonnamment, la situation politique, économique et agricole en 1924, avec l'inflation galopante, était au moins aussi grave qu'aujourd'hui. La situation actuelle incite de nombreux agriculteurs du monde entier à manifester pour exprimer leur désespoir. Quelques subventions ne résoudront pas le problème à long terme. Ce qu'ils recherchent est bien plus profond : c'est la recherche de la dignité.

"Que peut faire le petit mouvement biodynamique pour contribuer à ce bouleversement mondial ?", a demandé un participant au congrès. L'idée directrice, "du soleil à travers la terre pour l'homme - puisse l'homme devenir un soleil pour la terre", a servi d'orientation et a thématisé la perte du lien humain qui a conduit d'une part à la possibilité de la liberté, d'autre part à la séparation de la nature, des autres hommes et de soi-même. Comment l'homme peut-il devenir un soleil pour la Terre ?

Dans son discours d'ouverture, Tho Ha Vinh a esquissé trois facettes du rôle fondamental de l'agriculture dans le futur, qui ont été discutées tout au long de la conférence. Premièrement, il s'agit de transformer la terre pour l'élever, comme l'a dit le poète Rainer Maria Rilke : "Terre, n'est-ce pas ce que tu veux : être invisible en nous ? - N'est-ce pas ton rêve d'être un jour invisible" ? Les préparations biodynamiques ont le potentiel d'éveiller la terre à la vie et de transformer le sol. En outre, elles offrent à de nombreux agriculteurs, surtout dans le Sud, la possibilité de faire revivre leurs traditions agricoles en essayant d'acquérir le savoir-faire nécessaire sur place. Deuxièmement, la mission de l'agriculture, qui consiste à renforcer les communautés en prenant soin de la terre, des plantes et des animaux, doit s'étendre à la collectivité humaine. L'agriculture a le pouvoir de rassembler des personnes de toutes les couches sociales, de tous les âges et de tous les pays, dans l'esprit du principe anti-séparation de Nelson Mandela, "Ubuntu", qui inclut tous les êtres humains. Troisièmement, nous voulons reconnaître l'esprit présent dans chaque être vivant, qu'il soit végétal, animal ou humain, et respecter sa dignité et son intégrité. En chaque lieu, il s'agit de créer une unité vivante qui soit à la fois unique et le reflet de l'universel : l'individualité de la ferme.

Cette graine, qui doit aider la société à redécouvrir l'importance de l'agriculture pour l'avenir, a été transmise lors de conférences, de tables rondes, d'ateliers, d'open spaces et de nombreuses conversations. Elle s'est répandue dans le cœur de tous les participants à ce congrès anniversaire au Goetheanum, qui a vibré de vie, de chaleur humaine, d'échanges, de mouvements, de surprises, de sourires, de rires, de chants, de musique, d'eurythmie, de danses et d'expositions.

Nous remercions tous les visiteurs (sur place et en ligne), les participants, les sponsors et les soutiens ainsi que l'équipe du Goetheanum pour cette grande fête.

Puisse la force de notre enthousiasme et de notre engagement aider chacun à surmonter les épreuves et les difficultés sans perdre notre souveraineté spirituelle en tant qu'agriculteurs !

Vous trouverez d'autres photos de la conférence anniversaire ici.